Ce que je ne m’accorde pas

Je lis ces textes, parfois ces simples phrases ou juste quelques mots, qui parlent de ce que je ne m’accorde pas.

Car oui, il m’arrive d’en rêver. Je goûte par procuration le miel de ces mots d’amour destinés à une autre et je le savoure, en les imaginant pour moi. C‘est moi qui hante votre esprit, c’est de moi que naissent les émotions qui vous animent, c’est moi qui pénètre la carcasse et caresse votre cœur autant que votre peau.

Mais je le sais, ce que je donne n’est pas à la hauteur de ces songes, car je ne mets pas mon cœur sur ma main à la portée du premier baiser qui passe, ou du premier courant d’air. Je ne veux pas qu’il s’abîme, je ne vis pas ces aventures pour ça. Je donne du beau pour recevoir du bon. Je donne du sucré pour qu’on en veuille encore. Je donne du léger pour n’être pas lourde à porter, quand on veut bien m’emmener un peu avec soi. Parce que je me suis posé des règles, des murs qui s’ils m’empêchent de souffrir, m’empêchent aussi d’accéder aux vagues qui vous emportent, qui font tanguer votre barque, vous apportent les sensations fortes qui moi me font peur, autant qu’elles nourrissent mes fantasmes…

Allez viens, on joue. On dirait que tu m’aimerais et que tu aurais envie de me le dire. On dirait que tu m’écrirais des mots d’amour et que je les croirais. On dirait qu’on n’aurait pas peur. On dirait qu’on s’attacherait et qu’on se dirait pourquoi nous, et pas les autres.

Si tu veux après je ferais semblant d’oublier. Tu sais bien que le détachement, ça me connaît. Je laisserais ces mots en coulisses, dans une poche, au fond de ma solitude. Je les cacherais.

On m’écrivait ce genre de lettres, avant. C’était il y a longtemps, mais je me souviens comme si c’était hier de comment je me sentais en les lisant : authentiquement singulière, explicitement spéciale, insoluble, gravée dans l’écorce de leur mémoire. Je me souviens que j’ai pleuré, aussi. Toujours. Malgré la force de ces mots. Car si les écrits restent, les sentiments s’étiolent.

Mais des sentiments mêlés dans de si belles histoires méritent certainement d’être conclus par quatre prunelles embuées à l’unisson…

3 réflexions sur “Ce que je ne m’accorde pas

  1. « Je donne du beau pour recevoir du bon. »
    Tout est dit. Vous avez une chance inouïe vous les femmes pour émouvoir ; et je ne crois pas que vous en soyez réellement conscientes : il nous suffit – à nous les hommes – d’une banale photo d’une partie (aussi minime soit-elle) de votre corps pour nous troubler.
    Pour déclencher une telle réaction chez vous ; il nous faut déployer bien plus d’application. Il vous faut des mots, une atmosphère, un parfum, un regard, un mouvement…
    Notre corps sur une photo glacé ne déclenche rien ou presque.
    Cela dit, vous êtes aussi toutes différentes sur ce point et cela ne fait que compliquer encore plus la lecture que l’on peut avoir de vous les femmes.
    Et on vous aime aussi et surtout pour ça. Pour tout les efforts que nous sommes prêts à faire pour vous séduire ; dans vos différences.
    [Finalement, à me relire, cet avis est peut-être assez personnel… 😉 ]

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  2. J’avais lu ton tweet sur ce thème, mais pas encore le billet. Très joli texte qui résonne, alors…
    Je rêvais aussi, sans peut être me l’avouer aussi clairement que toi, et je gardais mes barrières. Elles me protégeaient bien… mais de quoi finalement. Et puis un homme les a ouvertes, je l’ai laissé faire.. ouch… ouragan, vagues déferlantes, tsunami émotionnel… j’ai cru mourir, de plaisir, d’amour, de chagrin aussi. Je me suis remise d’aplomb mais je suis devenue (revenue) différente. Je donne et reçois plus, je m’accorde de ressentir pleinement, je ris beaucoup, je pleure beaucoup (encore en ce moment), j’ose aimer surtout et le dire (parfois). Ce n’est vraiment pas plus confortable à vivre ! Même plus douloureux. Mais je me sens vivante, plus qu’auparavant. Plus équilibrée aussi, plus ouverte et accessible, moins vide (et plus délurée car je n’aurais jamais ouvert ce compte Twitter avant !)
    Je me demande chaque jour si tout le monde est amené à parcourir ce chemin (à sa façon et via des sentiers variés) pour accéder à cette sensation de vie, de plénitude ou si certains y accèdent naturellement, dès qu’ils ouvrent les yeux.
    Quoiqu’il en soit, je ne regrette pas d’avoir baisser mes barrières (il en reste encore quelques bouts…) et de pouvoir m’accorder ces moments où je me sens si bien, dans le « flow » de ma vie :).

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